Les classes d’utilisation

Avez-vous l’intention de remplacer un pont roulant qui est en fin de vie? À vos yeux, votre projet est peut-être simple : vous avez besoin de soulever des charges de 5 tonnes maximum, à une hauteur de 20’ et à une vitesse raisonnable. Et voilà qu’un fournisseur consciencieux vous parle des… classes d’utilisation ! Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?! Ne peut-on pas tout simplement remplacer l’équipement actuel par un équivalent de nouvelle génération ? Pourquoi devrais-je m’intéresser à sa classe d’utilisation ?

Déterminer la classe d’utilisation la plus adaptée est crucial pour faire le bon choix d’équipement de levage. Ce concept est pertinent tant pour une installation existante que pour un nouveau projet. Une sélection judicieuse favorise la productivité et la rentabilité. Explorons pourquoi.

 

Pourquoi classifier les équipements ?

Il est vrai qu’au départ, les appareils de levage sont conçus selon des normes précises et que ces normes exigent une classification appropriée (la norme CSA par exemple). Mais la classification des équipements de levage n’est pas qu’un simple exercice théorique ou normatif. Il a aussi pour but de faire la bonne sélection d’équipement pour l’usage souhaitée. Voilà l’élément central qui devrait intéresser les futurs propriétaires d’un pont roulant. La détermination de la classe d’utilisation permettra de choisir la solution la plus économique pour l’application, non seulement en termes de coût initial, mais aussi en considérant la durée de vie de l’installation. En d’autres mots, définir la classe adéquate garantira un équilibre entre coût et fiabilité de l’équipement, tout en aidant à déterminer les besoins en maintenance.

Abordons la question dans l’autre sens : si un acheteur fait l’acquisition d’un pont roulant d’une classe inférieure aux besoins de l’entreprise, le prix du pont roulant sera évidemment plus bas. Mais son utilisation engendrera une maintenance coûteuse en pièce, en main-d’œuvre et en perte de productivité. Ces frais, ajouter au prix d’achat initial, engendreront un coût total supérieur sur sa durée de vie en comparaison avec l’équipement de la bonne classe. Ce choix-là sera donc plus dispendieux.

À présent, pourquoi appliquer également cette approche dans le cadre d’un projet de remplacement ? Après tout, l’équipement que vous utilisiez fonctionnait bien dans l’ensemble. Pourquoi ne pas juste le remplacer par une solution équivalente ? Tout d’abord, cette solution répondait peut-être au besoin à l’époque où le choix a été fait. Mais aujourd’hui, vos besoins de levage ont peut-être changé. Il est aussi possible que l’équipement de départ lui-même ne remplissait pas réellement les besoins pour l’utilisation. Si c’est le cas, vous avez peut-être dépensé plus que vous auriez dû le faire en frais de maintenance et d’arrêt de production ! Si l’exercice n’a pas été fait à l’époque, il est certainement judicieux de le faire maintenant.

Il peut même être utile d’établir la classe d’utilisation pour une installation existante ! Dans quel cas ? Lorsqu’on suspecte qu’un équipement est surutilisé. En effet, dans les classes d’utilisation dites de moyenne à extrêmement lourde, la fréquence de la maintenance augmente. Le calcul de classe servira alors à établir le bon calendrier d’entretien, afin de minimiser les frais de maintenance.

Comment les équipements sont-ils classifiés ?

En Amérique du Nord, la norme CMAA est le point de départ pour la classification selon l’utilisation. Mais les normes européennes étant différentes, il nous faut parfois en tenir compte, par exemple lorsque les pièces utilisées proviennent d’un pays européen. Il faut savoir également qu’un pont roulant est constitué de plusieurs composantes qui peuvent avoir des classes distinctes (groupes de classes). Par exemple, dans certains cas, une application de levage nécessitera peut-être une classe supérieure à celle reliée au déplacement du pont ou du chariot. Mais la plupart du temps, la classe est applicable à l’équipement entier. Alors, comment s’effectue la classification de manière concrète ?

Votre spécialiste en levage est le mieux placé pour établir les bonnes classes d’utilisation. Pour y arriver, il vérifiera auprès de vous des données en lien avec l’utilisation, comme la moyenne de levage par jour, le nombre de jours d’utilisation par année, la hauteur moyenne de levage, etc. Quand ces informations sont méconnues par les utilisateurs, il est souvent possible de les collecter à partir des données de production déjà disponibles. Par exemple, une entreprise dans le transport saura en général combien de fois elle fait le chargement et le déchargement de matériaux, ou combien de fois ces matériaux sont manipulés. Ces données peuvent souvent servir de source où puiser l’information recherchée afin d’établir la bonne classe d’utilisation.

Il faut aussi tenir compte des pourcentages d’utilisation par capacité. Pour illustrer, disons que vous êtes un homme fort qui transporte des pierres toute la journée. Vous vous vantez peut-être de pouvoir soulever 250 kg ! Mais combien de fois soulèverez-vous ce poids dans votre journée avant de vous effondrer et de devoir prendre congé un mois complet ? Pareillement, il est vrai que l’équipement choisi devra être capable de soulever la charge la plus lourde de votre usine. Mais à quelle fréquence soulèvera-t-il cette charge lourde ? Quelle capacité de charge l’appareil soulèvera-t-il le plus souvent ? Toute cette analyse entre en ligne de compte pour choisir l’équipement le mieux adapté.

Différentes solutions

Les exemples suivants permettent de comprendre les différents types d’utilisation et les solutions qui devraient vous être recommandées par votre spécialiste en levage.

Premier exemple : vous avez besoin d’un équipement de levage pouvant soulever une capacité maximale de 10 tonnes. Votre appareil effectuera de 15 à 20 levages par jour en moyenne, 5 jours par semaine. Bien que votre équipement doive occasionnellement soulever une pièce de 10 tonnes, vos levages quotidiens se situeront entre 2 à 7 tonnes. Il est clair que vous ne pouvez vous passer de votre appareil. Toutefois, il ne sera utilisé que de temps à autre dans la journée, voire occasionnellement. C’est ce que nous appelons un outil de manutention. De quelle classe s’agit-il? Il fait partie des classes faibles. Ce genre d’équipement est utilisé par une majorité d’industries.

Prenons un autre cas de figure : votre futur équipement de levage fera partie d’une chaîne de production. Celui-ci alimentera une machine à un rythme de 250 fois par jour. Cette production ne peut s’arrêter, même durant les périodes de vacances. Les pièces ont des poids variants entre 7 et 10 tonnes. Il s’agit alors d’un équipement de production, et il sera considéré comme faisant partie des classes élevées.

Comme nous pouvons le voir, les équipements des deux exemples précédents doivent avoir une capacité nominale de 10 tonnes. Mais ils ne sont pas de la même classe d’utilisation, car leur utilisation est totalement différente. Ces deux équipements ne seront pas les mêmes dans leur conception mécanique, et évidemment, leur coût d’acquisition ne sera pas le même.

Il faut aussi faire une distinction entre les capacités mécaniques et les capacités électriques d’un appareil de levage. Il est ainsi possible que la conception mécanique d’un équipement permette de supporter l’utilisation souhaitée, mais que ses capacités électriques, quant à elles, ne soient pas suffisantes.

Par exemple, supposons qu’un palan de 10 tonnes de capacité ne soulève que rarement à pleine charge, mais qu’il soulève ½ tonne à un rythme de 500 fois par jour! L’impact sur les capacités mécaniques est peut-être mineur. Cependant, les moteurs risquent fort de surchauffer, surtout que l’équipement sera constamment en mode « arrêt / départ ». Cela représente une potentielle surcharge de la capacité électrique. Les précautions à prendre dans de tels cas ne sont pas détaillées dans les classes d’utilisation. Toutefois, dans le but d’éviter des dommages sur les composantes électriques et des arrêts de production, des solutions devront certainement être mises en place. Il peut s’agir de l’utilisation de ventilation forcée ou de variateurs de vitesse. Même les températures ambiantes doivent être prises en compte lorsqu’on détermine les besoins électriques. C’est pourquoi vos experts en levage commenceront par établir la bonne classe d’utilisation au niveau mécanique, pour ensuite vérifier que les capacités électriques sont également suffisantes.

Pour toutes ces raisons, il est possible d’envisager que deux équipements ayant la même capacité nominale puissent varier énormément sur le plan de l’investissement, impliquant des différentes aussi grandes que d’ajouter un 0 au montant de la facture!

Pont roulant 15,000 kg, classe CMAA-C

Pont roulant 15,000 kg, classe CMAA-E

Un autre élément important rarement abordé est la durée de vie souhaitée pour l’appareil de levage. Deux clients avec une situation identique pourraient opter pour des classes d’utilisation différentes. Pourquoi ? Parce que l’un aura peut-être besoin de son équipement pour les 30 prochaines années, alors que l’autre a un mandat de 5 ans pour sa future installation.

Pour faire court, l’analyse d’une classe d’utilisation implique une expertise. N’hésitez donc pas à contacter votre expert en levage pour évaluer la classe d’utilisation appropriée selon votre projet.

Prendre note que Premium utilise une grille pour évaluer l’ensemble des facteurs, et ce formulaire est disponible sur demande.

Choisir le bon équipement, une affaire classée !

Pour conclure, nous pouvons dire qu’il y a deux éléments au cœur de la question des classes d’utilisation. Pour commencer, la productivité est un élément clé de l’industrie moderne. En choisissant la bonne classe d’utilisation, le propriétaire de l’équipement s’assure une productivité optimale qui ne sera pas constamment réduite par des arrêts de production répétés. Ensuite, la rentabilité d’un équipement ne se mesure pas uniquement à son prix d’achat, mais inclut aussi sa durée de vie ainsi que sa maintenance. C’est sur le total de ces facteurs que se fondera la décision de choisir la bonne classe d’utilisation. En faisant le bon choix maintenant, la valeur de votre investissement sera maximisée. Au lieu de faire l’acquisition d’un équipement qui aura la vie dure, et qui générera des frais insoupçonnés et des préoccupations continuelles, faites un achat qui a de la classe ! Faites-en une affaire… Classée !